Pour un collège de l’exigence !

François Bayrou, Pascal Bruckner, Jean-Pierre Chevènement, Luc Ferry, Jacques Julliard, et Michel Onfray ont décidé de s’exprimer ensemble contre la régression qu’engage la réforme annoncée du collège. Ils vous invitent à soutenir cet appel pour obtenir le retrait du décret de « réforme » du collège.

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Les Français attendent de la hauteur de vues et une capacité de rassemblement, au service d’une vision de l’avenir »

Dans un entretien accordé à La Tribune de Genève, publié aujourd’hui, François Bayrou plaide pour une approche politique nouvelle, portée par un candidat rassembleur.

Crédits photo : ©Marie-Pierre Dieterlé

Est-ce que vous êtes un « Républicain », François Bayrou ?

Ce que je n’aime pas dans cette séquence c’est que le mot républicain est un mot de rassemblement. Il va devenir, hélas, un mot de division. J’aurais préféré qu’il n’en soit pas ainsi. Nicolas Sarkozy a fait ce choix, on voit bien pourquoi !

Selon vous, la captation de ce mot traduit une intention politique ?

L’intention politique est de se débarrasser du sigle UMP.

Et pourquoi ?

En raison des affaires multiples qui le frappent.

Vous pensez les Français à ce point amnésiques ?

Moi, je ne le crois pas. Mais d’autres peuvent le croire (sourire).

Le déroulé du congrès fondateur des Républicains vous a-t-il conforté dans votre méfiance envers Nicolas Sarkozy ?

Ce qui a frappé beaucoup de Français, c’est à quel point l’agressivité et l’intolérance sont contagieuses. Les mots inutilement blessants ou méprisants utilisés à la tribune, même contre des adversaires politiques, se transforment en attitudes intolérantes dans la salle. Les images parlaient d’elles-mêmes. Je suis persuadé que les Français n’attendent pas cela. Ils attendent au contraire de la hauteur de vues et une capacité de rassemblement, au service d’une vision de l’avenir. Vous voyez, on en est bien loin.

Serez-vous candidat à une primaire ouverte de la droite et du centre ?

Ce n’est pas mon intention. L’idée même de cette primaire est pour moi problématique. Une primaire suppose qu’on se définit dans un des deux camps. Et toute ma vie, j’ai essayé de dire que ce n’est pas en coupant le pays en deux camps qu’on sert l’avenir du pays. Qu’il faut dépasser les camps. Ça, c’est l’argument de fond. Et il y a une deuxième raison: dans une élection primaire de sympathisants, l’avantage donné au plus dur, au plus agressif du camp, est considérable.

Vous vous laissez aussi toutes les portes ouvertes pour vous présenter à la présidentielle 2017 ?

J’ai dit les choses plus simplement : s’il y a dans le courant principal de l’opposition une candidature qui rassemble, je suis prêt à l’aider. Par exemple: Alain Juppé. Avec lui, il n’y aura pas de difficulté à trouver un accord. Mais si jamais ce n’était pas le cas, je serai libre.

Un dernier sondage vous crédite, sans même être déclaré, d’un bon très résultat au 1er tour de la présidentielle de 2017 dans le scénario d’une candidature de Nicolas Sarkozy. Tentant ?

Mon socle est mesuré à 12 %. C’est important. Et c’est assez près de François Hollande, le président sortant, qui est lui crédité de 17 %. Mais on n’en est pas là. Le scénario que je souhaite est celui d’une approche politique nouvelle qu’on puisse constituer avec un candidat rassembleur.

Ce candidat rassembleur peut-il être socialiste, s’appeler François Hollande ?

Franchement, je ne crois pas que François Hollande soit en situation d’être réélu aujourd’hui. Les erreurs qui ont été faites sont d’importance.

Avez-vous regretté votre soutien à François Hollande lors de la présidentielle 2012 ?

Je ne regrette pas les décisions que je prends en toute conscience.

Quelles ont été les erreurs de François Hollande ?

Il a une vision trop politicienne et a manqué de vision historique à la hauteur des moments que nous vivions. Il a voulu laisser la vie politique française dans la guerre des deux partis PS et UMP. Ensuite, du point de vue économique et social, il n’a pas porté de nouveauté importante. Il n’a pas donné à la situation française l’équilibre qu’elle exigeait en lui proposant une vision rassembleuse et en permettant la naissance de majorités d’idées réformistes.

Le pacte de responsabilité est pourtant un ensemble de réformes intéressantes ?

C’est pour la plupart des décisions des usines à gaz. Des mécanismes tellement compliqués que personne ne les comprend. Le choc de simplification, on en parle depuis deux ans, mais il n’y en a eu aucun. J’aurais beaucoup aimé qu’il avance mais il ne s’est rien passé.

Néanmoins, le PS se recentre. Manuel Valls vous fait des appels de phare…

Le Parti socialiste n’est pas pour la France une force de renouvellement, c’est une force de régression. Je suis dans l’opposition comme je l’avais dit dès le premier jour: « si François Hollande est prêt à des remises en cause, je le soutiendrai. S’il reste à ces attitudes du passé, je serai un opposant vigoureux. » C’est ce que je fais.

Vous qualifieriez comment la présidence de M. Hollande?

Décevante.

Ne risquez-vous pas de faire le jeu du FN en affaiblissant les candidats (de la gauche comme de la droite) ?

La seule question que l’on doit se poser est de savoir si les Français vont trouver un bulletin de vote qui corresponde à leur conviction profonde. Avec seulement des bulletins Hollande, Le Pen et Sarkozy, des millions de Français n’auraient pas de bulletin qui potentiellement les représente. Je suis persuadé que si c’était Alain Juppé, ou quelqu’un de ce profil, ils trouveraient ce choix. Car, à ce moment-là, on pourrait faire des ententes, des alliances. Alain Juppé a une attitude de rassemblement du pays et de ces sensibilités différentes. Et pas de création perpétuelle d’agressivité.

La France ne devrait-elle pas introduire la proportionnelle intégrale ?

En tout cas, il faut un principe proportionnel. Qu’est-ce qui peut justifier qu’un grand courant comportant plusieurs millions de Français soit interdit de représentation. Qui peut le justifier ? A l’élection présidentielle de 2007, j’ai fait près de 20 %. A celle de 2012, Marine Le Pen a fait à peu près le même score. A la sortie, pour les deux, deux députés sur près de 600. Est-ce raisonnable ? Est-ce compréhensible ? Non. La proportionnelle a deux avantages majeurs: elle permet des majorités d’idées et elle sert de garde-fou contre les dérives extrémistes. (TDG)

François Bayrou : mise au point à propos d’Alain Juppé (source Lefigaro.fr)

FIGAROVOX/EXCLUSIF – Dans une tribune du Figarovox, Alexandre Vatimbella soupçonnait François Bayrou d’espérer la défaite d’Alain Juppé à la primaire UMP. La réaction du maire de Pau.

Ancien ministre, François Bayrou est maire de Pau et président du MoDem.

Le FigaroVox vient de publier, sous la signature de M. Vatimbella, un article dont je ne sais s’il est davantage tendancieux ou perfide, -ce qui est le droit de son auteur-, mais qui me prête des intentions qui ne sont pas les miennes. Il convient donc qu’une mise au point précise mette un terme à ces fariboles.

La thèse de Monsieur Vatimbella est que je souhaiterais in petto (puisqu’il convient ces jours-ci de parler latin…) qu’Alain Juppé perde la primaire organisée en 2016 par l’UMP et que même je n’hésiterais pas à donner de petits coups de main «subliminaux» à une telle issue. Le bénéfice supposé que j’en tirerais serait dès lors de préparer ma propre candidature à l’élection présidentielle.

Je considère qu’en démocratie en général, et particulièrement en démocratie médiatique, une position nette est plus efficace que les déclarations sinueuses et tordues.

Il y a probablement en politique nombre de gens déloyaux, Machiavels au petit pied, qui préfèrent dans toutes les situations la ruse ou le fusil à tirer dans les coins. Il se trouve que je n’appartiens pas à cette catégorie non pas par vertu (ou en tout cas pas seulement par vertu…) mais parce que je considère qu’en démocratie en général, et particulièrement en démocratie médiatique, une position nette est plus efficace que les déclarations sinueuses et tordues.

Ma position est donc exactement celle-ci: J’ai, depuis des mois, indiqué que, si Alain Juppé était choisi par la majorité des participants à la primaire, je serais à ses côtés. Pourquoi? Pas seulement pour des raisons de sympathie personnelle et d’estime intellectuelle. Mais d’abord parce qu’Alain Juppé est aujourd’hui le mieux placé parmi les personnalités capables de proposer aux français une démarche à la fois réformatrice, courageuse et rassembleuse.

Je ne crois pas en effet qu’il puisse y avoir une politique de réforme possible sans un soutien large. Or, les démarches de clivage et d’agressivité au sein du peuple français condamnent ceux qui les choisiraient à ne plus pouvoir trouver de majorité pour réformer. S’ils étaient élus, ils trouveraient en effet immédiatement contre eux, à la fois, l’ensemble de la gauche réunie dans une commune détestation et l’extrême droite toujours hostile. Ce schéma est d’ailleurs l’exact symétrique de celui dont le gouvernement socialiste constate actuellement les effets délétères, et dont il a lui-même cultivé les causes.

Pas de majorité large, pas de réforme possible dans la durée! Il faut donc une démarche politique qui soit plus compréhensive du pluralisme français et plus rassembleuse, pour que les vertus de cette nouvelle pratique politique puissent jouer à plein. C’est la raison pour laquelle je souhaite la victoire d’Alain Juppé.

Il faut une démarche politique qui soit plus compréhensive du pluralisme français et plus rassembleuse, pour que les vertus de cette nouvelle pratique politique puissent jouer à plein. C’est la raison pour laquelle je souhaite la victoire d’Alain Juppé.

J’ajoute qu’une telle perspective permettrait à la grande famille du centre, aujourd’hui dispersée, de se reconstituer, d’être à nouveau fière de son identité et de ses convictions, et de faire découvrir à la France les vertus des majorités d’idées. Alain Juppé a choisi d’obtenir sa légitimité par la primaire. François Fillon a d’ailleurs fait le même choix. C’est sur ce mécanisme que portent mes réserves, pour 2 raisons précises.

La première est doctrinale: s’engager dans une primaire c’est accepter de se ranger dans un camp. Or, toute ma vie politique j’ai plaidé que la coupure de la France en deux camps est une stupidité et la certitude de l’impuissance. En affirmant cela, j’ai d’ailleurs le sentiment d’être plus Gaulliste que beaucoup, ou en tout cas, d’être en harmonie avec la pensée gaullienne. Ma deuxième réserve porte sur le fait qu’une primaire organisée au sein de sympathisants risque de donner un poids excessif, peut-être déterminant aux plus mobilisés, aux «noyaux durs», aux plus agressifs contre les plus mesurés.

C’est pour ces deux raisons que j’ai des craintes, des doutes et des interrogations sur le mécanisme de cette primaire. On constatera, au surplus, qu’elle n’est pas très cohérente avec la logique institutionnelle de l’élection du président de la République à la majorité absolue dans un scrutin à deux tours.

Si un homme politique ayant des responsabilités nationales participe à une compétition, il est lié par le résultat de cette compétition. Or, je ne veux pas être lié par un résultat que je considèrerais comme contraire à l’intérêt national.

C’est pourquoi à vues humaines (c’est à dire sans événement majeur qui changerait la situation historique du pays) je n’ai pas l’intention de participer moi-même à cette primaire. Pas plus comme candidat que comme électeur. Pourquoi? Parce que j’estime que si un homme politique ayant des responsabilités nationales participe à une compétition, il est lié par le résultat de cette compétition. C’est une question de logique et même d’honneur. Or, je ne veux pas être lié par un résultat que je considèrerais comme contraire à l’intérêt national.

Cette analyse m’engage personnellement. Je sais que beaucoup de mes amis du MoDem ou plus largement du centre, ou même venant d’autres horizons, n’ont pas la même analyse que la mienne, et j’en connais beaucoup qui sont décidés à voter à cette primaire. Je ferai naturellement ce que je peux et ce que je dois pour aider leur action.

Dans le cas, j’espère improbable, où la primaire choisirait une candidature qui ne me paraîtrait pas en harmonie avec cette attente historique, je serais tout simplement un homme libre et j’apprécierais la situation.

J’ai tenu à mettre sur le papier l’exposé de ma position pour tordre le cou à toute idée d’arrière-pensées que je considère comme offensante. Dans tout ce que j’ai exposé, il n’y a aucune arrière-pensée, il n’y a que des pensées clairement exprimées. Peut-être voudra-t-on m’accorder, au vu des positions assez tranchées qu’il m’est arrivé de prendre, que ces pensées sont aussi et d’abord des convictions.